Alors que notre projet ZoRRO de réintroduction des zostères marines dans l’étang entame sa quatrième année, notre projet Tornado de réintroduction des cystoseires dorées (voir cet article précédent) peinait à démarrer. La découverte d’un webinaire sur le thème des forêts d’algues méditerranéennes met fin à nombre de nos interrogations et hésitations.

Un webinaire de fin 2022 sur les forêts d’algues de Méditerranée

Ce webinaire, mis en ligne par l’agence de l’eau, est un épisode des conférences et ateliers organisés régulièrement par ICO Solutions.
ICO (Îles, Côtes, Océans) Solutions semble être une initiative commune de l’Agence de l’eau RMC, du Conservatoire du littoral et de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la métropole AMP, qui vise à diffuser les bonnes pratiques et les solutions concrètes pour améliorer l’état écologique des côtes et îles locales.

Qu’apprenons-nous dans ce webinaire qui soit utile à notre projet Tornado ?

L’ensemble des trois exposés (deux scientifiques universitaires et un employé du groupe Suez chargé des projets de restauration écologiques des ports) est vraiment très intéressant. Les infos partagées sont précises et très récentes, alors que ce domaine d’étude et de réalisation est très jeune et loin de la maturité.

On y apprend en particulier que :

• Les cystoseires sont la famille d’algues qui forment des forêts en Méditerranée. Ces forêts ont beaucoup régressé et continuent de régresser, même dans les réserves (l’étang de Berre n’est sur ce point pas du tout un cas isolé).
• Les cystoseires ne font généralement pas de colonies lointaines, car leurs spores ne peuvent aller loin.
• Dans cette famille, Gongolaria barbata (la cystoseire dorée, l’algue qui était dans l’étang de Berre et donc celle de notre projet Tornado) est une exception car ses rameaux fertiles (qui peuvent être arrachés de la plante) flottent et peuvent se disperser assez loin.
• Les cystoseires ne sont pas protégées (aucune algue méditerranéenne ne l’est, contrairement aux zostères)
• La méthode « state of the art » d’une « recolonisation aidée » de cystoseires consiste à aller chercher des rameaux fertiles sur le site source à la saison de fertilité et à les implanter sur le site souhaité
• Une expérience de recolonisation de cystoseires dorées a ainsi réussi à Minorque (voir impression d’écran ci-dessous) aux îles Baléares.
• En revanche il nous est confirmé que l’essai de recolonisation du cap d’Agde avec la même cystoseire dorée (voir ce document) a échoué
• L’employé de Suez imagine la réintroduction de la cystoseire dorée dans l’étang comme un projet possible en l’état de ses connaissance (voir impression d’écran ci-dessous)
• Le surpâturage par les oursins ou les saupes est une cause sérieuse d’échec de projet de réintroduction de cystoseires (les oursins ne sont pas un problème dans l’étang de Berre, il n’y en a pas, mais les saupes oui). Pour limiter le pâturage par les saupes, il vaut mieux placer les rameaux importés dans des cuvettes de rochers.
• Un réseau de suivi « macroalgues » est en « préfiguration » (depuis de nombreuses années semble-t-il) sur le linéaire côtier de Méditerranée, mais ce réseau ne semble pas intégrer les lagunes (donc pas l’étang de Berre, et donc aussi plus étrangement pas l’étang de Thau qui possède pourtant de belles forêts) (voir impression d’écran ci-dessous), mais peut-être sont elles suivies par ailleurs…

Conclusion

Le très bon webinaire de ICO Solution sur les forêts d’algues méditerranéennes, que j’invite tous mes lecteurs à visionner en intégralité, nous apporte des informations déterminantes pour notre projet Tornado de réintroduction des cystoseires dorées dans l’étang de Berre… suffisamment pour lever tous nos doutes et passer à l’action !

En bonus, une autre vidéo sur les essais de culture et de réintroduction de la cystoseire dorée par l’université de Nice (sous la responsabilité de Mme Luisa Mangialajo qui intervenait dans la visioconférence proposée en amont du présent article)