En plongeant fin août dans l’herbier de l’anse EDF, j’ai vu mon premier crabe bleu dans l’étang de Berre. Ce crabe a débarqué dans notre étang et dans plusieurs lagunes méditerranéennes françaises et n’est pas encore très connu des scientifiques locaux ou des pêcheurs. Il s’agit clairement d’une invasion par une espèce exotique et nous subirons largement cette invasion et ses conséquences sur notre milieu supposé très instable. Au moins cette invasion fait-elle l’objet d’un plan d’étude.

Le point de vue scientifique

La fiche Doris donne un certain nombre d’informations. Cette page du site du Pôle Lagunes Méditerranéennes est régulièrement mise à jour sur le thème de cette invasion. Et le webinaire suivant fait un point qui m’a semblé assez complet au moment où j’écris.

En ce qui concerne l’étang de Berre, l’information de cette invasion est remontée (notamment des pêcheurs) au GIPREB et cet organisme a plusieurs fois écrit sur le sujet depuis quelques années (ici et là il y a quelques jours, ici en 2023, et ici dès 2019). Le GIPREB a été moteur dans le lancement du plan d’étude.

On remarque dans la vidéo que le chercheur français Guillaume Marchesseaux travaille particulièrement sur le sujet du crabe bleu. Il travaille actuellement à l’université de Naples mais avait travaillé sur notre étang (via le GIPREB) il y a quelques années sur le Mnemiopsis leidyi. Cette « méduse » semblait invasive à l’époque dans notre étang, mais cette invasion ne s’est pas confirmée. Dans le cas du crabe bleu, selon M. Marchesseaux, l’invasion, si elle se confirme devrait avoir un impact important, notamment sur les populations d’anguilles et de crabes verts (voir l’impression d’écran ci-dessous, tirée de son intervention) voire de palourdes.

L’avenir (et l’étude scientifique en cours) dira si l’invasion du crabe bleu se confirme et dans ce cas son impact…

En attendant,

• évitez de chercher à le prendre à la main, car il est connu pour être agressif et posséder des pinces redoutables (qui peuvent déchirer les filets de pêcheurs). Il a blessé plusieurs pêcheurs…
• apprendre à le pêcher (en sécurité) et le cuisiner serait une bonne chose. Il est supposé savoureux : c’est son nom scientifique et dans la baie de Chesapeake, il est tellement pêché (et mangé en burger) que les individus adultes deviennent rares.
• ce sera marrant de voir s’il mange du rapane veiné et si ces deux invasions se percutent ou s’ignorent.

La vidéo ci-dessous a été rajoutée le 18 octobre 2024